Les flammes de Paagrio

S'il ne faisait pas aussi froid, le feu de camp n'aura pas été nécessaire. Cependant, entre le froid, les loups et les ours de cette contrée gelée, il n'y avait pas le choix. C'était la mort, ou les orcs, et avec les orcs, on pouvait peut être discuter.
L'équipe d'archéologues désirait visiter la cave des épreuves. Un lieu presque saint pour les orcs d'Elmore. Ils auraient pu insistés mais le peuple de Paagrio ne plaisante pas avec ce genre de chose, et ils sont prompts à la colère. Le seigneur des flammes, Kakai, avait dit non, et c'était une décision sans appel. Ils n'avaient pas le droit de visiter les caves Probablement à cause de la présence d'Elchion, un archer elfe avare de parole, mais sur qui on pouvait compter. Le groupe prit tout de même le risque d'y aller quand même. Après tout, la recherche du savoir n'est pas un crime.
Le jeune Rosso se chauffait les mains prêt du feu. C'était un jeune aventurier, maniant la dague avec dextérité. Malgré son jeune âge, il n'était vraiment pas mauvais. Baleon, un vieux sage, discutait avec le plus jeune. C'était plus pour le rassurer que pour faire connaissance. Quant à l'archer elfe, on ne sait pas où il était. Probablement en train de parler aux arbres. Urek, combattant, affûtait ses sabres en écoutant. Il ne parlait jamais beaucoup.
Baleon décida d'expliquer au jeune Rosso qui était Paagrio. Il avait beaucoup voyagé, et avait connu plusieurs shamans réputés. Il décida alors de raconter ce qu'il savait au sujet du père des orcs, selon ses fils.



Paagrio est le dieu des flammes, en plus d'être le père des orcs et de Valakas, le dragon de feu. Son influence se fait sentir partout ou le feu brûle, des lacs de laves, jusqu'aux feux de cheminée. Divinité colérique, mais non mauvaise. Il est représenté sous la forme de trois visages identiques, exprimant une rage animale.

C'est un dieu à ne pas décevoir. Même s'il récompense son peuple plus souvent que les autres dieux, il le punit aussi plus facilement. Ainsi, un orc se doit d'être honorable, courageux et fidèle à la flamme de son dieu, s'il ne veut pas subir sa colère.
Au commencement, il n'y avait que chaos, l'eau, le feu, l'air et la terre se mélangeaient à la lumière et aux ténèbres. On ne sait pas comment cela arriva, ni qui le décida, mais les éléments prirent conscience de leur existence et de celle des autres. Le monde fût partagé. La terre bordait la mer, tandis que les flammes trouvaient leur place un peu partout sur et sous terre. L'air devint le toit du monde, permettant la vie. La lumière et les ténèbres se partagèrent le monde, régnant l'un après l'autre au dessus du monde.
Les flammes prirent le nom de Paagrio, l'esprit de feu. Il devint un esprit intelligent, et avait a charge de veiller sur les flammes, afin d'empêcher la terre nouvellement créée de devenir cendre. Après plusieurs siècles d'existence paisible, les dieux décidèrent de créer la première race, les dragons, pour apporter plus de vie sur leur monde.
Ils les créèrent grand, majestueux, d'une puissance prodigieuse, et d'une intelligence surprenante. Paagrio nomma le sien Valakas, et en fît le prince des flammes. Lorsque les dragons de révoltèrent, pour prendre la place des dieux, Paagrio préféra cacher le sien, et l'enferma au fond du lieu dit « la forge des dieux ». Emprisonné au cœur d'un lac de lave, Valakas fût caché a la vue des autres dieux, et ne pût faire de mal a personne, tant que personne ne venait le déranger. Les dragons furent vaincus, Antharas, le dragon de terre se fît couper les ailes et enfermé, les autres dragons disparurent.
Paagrio continua à régner sur le feu. Sa violente dispute avec Eva, déesse de l'eau, au sujet de la domination du feu ou de l'eau sur le ciel est à l'origine de la méfiance, voir souvent la haine, entre les elfes et les orcs. Afin que cette dispute ne dégenere pas en guerre divine, les dieux décidèrent que l'eau coulerait des nuages, ce fût la pluie, et que le feu brillerait dans le ciel, ce fût la création du soleil, frère de la lumière. Les deux dieux furent contentés, mais leur dispute affecta à jamais leur amitié. Shilen, quand à elle, eut le loisir de faire souffler le vent, calme ou fort, bénéfique ou meurtrier.
Le monde était alors crée, et était tel que nous le connaissons, mis a part les civilisations actuelles, encore inexistantes. Eva fût la première à créer sa race, qu'elle voulait parfaite. Elle les appela Elfes. Maphr, la plus jeune sœur, mais aussi la plus sage, créa les nains, qui seraient les meilleurs artisans que le monde pourrait porter. Paagrio décida alors en cachette de créer lui aussi un peuple, qu'il appela Orc. Shilen copia les elfes, et en fît des êtres à la peau sombre. Shraia, quand à elle, créa les humains, dernière race, un mélange de toute celle existant déjà.
Paagrio est donc le créateur et le protecteur de cette race si différente. Ils passent pour des barbares incultes aux yeux des autres races, mais en réalité, leur culture est si différente, qu'on ne peut les comprendre sans écouter les plus vieux et les plus puissants shamans.
Paagrio représente aussi la fureur sauvage et aveugle de la nature. L'animal enragé qui charge, le guerrier qui puise dans ses forces qui lui reste, afin de vaincre, ou survivre, l'éruption de lave qui détruit villes et villages. Tout ceci porte la marque de Paagrio. Certains druides le vénèrent même autant qu'Eva ou Shilen, car la feu fait partie intégrante de la nature. Paagrio est la flamme tranquille qui nous rassure, celle plus forte, qui réchauffe notre repas, celle instable et violente qui nous consume. Les orcs n'ont pas peur du feu ou de la chaleur. Car tout ceci fait partie d'eux même. Les yeux brûlants et sauvages d'un orc enragé sont en réalité le reflet de l'âme même de ce peuple et de leur dieu. Une flamme que rien ne peut éteindre, pas même l'eau la plus pure et la plus abondante.

Il y eu un bruit sourd, coupant la conversation. Tous se levèrent en même temps, pour faire face à l'orc immense qui les observait depuis le début de la conversation, et venait juste de se décider à se montrer. Une hache tranchante à ses cotés, une armure de métal, un bouclier arborant un visage grimaçant. La créature immense s'approcha du petit groupe pour se pencher sur le feu de camp.
D'une petite bourse rouge accrochée sur son coté, il sortit une petite poignée de poudre de couleur jeune, qu'il lança dans les flammes. Le feu de camp gagna immédiatement en intensité et prit de belles couleurs vertes et bleus.
L'orc fixait les flammes, comme s'il leurs parlait. Au bout de quelques secondes, il se releva et prit son arme en main.

Paagrio ne veut pas de vous ici, vous avez désobéis au seigneur des flammes. La mort sera votre punition.

Le combat fût bref, l'orc était d'une puissance prodigieuse. Il décapita le vieux mage, avant de s'attaquer aux deux guerriers. La dague de Rosso ricocha sur la lourde armure de l'orc, avant que la hache ne se plante dans son torse. Urek, quand a lui, se relevait péniblement, sonné par un violent coup de bouclier. Il para un premier coup de hache, qui ébrécha ses deux sabres, avant que sa tête ne soit tranchée verticalement, déversant son sang et sa cervelle sur le sol.
Seul l'archer elfe, avertit par les animaux et le bruit du danger imminent put rentrer chez lui raconter ce qu'il s 'était passé.

Tromper les orcs n'est pas une bonne idée, car malgré leur apparence sauvage, ils sont loin d'être idiot, et leur vengeance n'est jamais une bonne expérience. De plus, leur père, Paagrio, veille sur eux, et ne laissera pas les races inférieurs se servir de son peuple. La recherche de la connaissance peut s'avérer fatale, surtout si l'on s'évertue à étudier les dieux qui ne le désirent pas.